• Mon âme et moi

     

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                                                                                    Françoise Aubry de Montdidier

     

    Mon âme et moi

     

    Comment ? Me dit mon âme,
    Aurais-tu oublié
    Son cœur comme une lame
    Et sa voix sans pitié ?
     
    Tu as raison, mon âme,
    A peine un souvenir
    ni rancoeur ne proclame
    Si ce n'est de souffrir
     
    Âme, je me souviens,
    Il heurtait de ses mains
    la douceur qui retient
    L'espoir des lendemains
     
    Il caressait le vide
    En effleurant ma peau
    Ou chemine une ride,
    Etonnée du cadeau
     
    Ô toi, mon âme sœur
    Retiens tous les beaux jours
    Eloigne tous mes pleurs
    Et chante mon amour
     
    Qu'il s'en vienne aussi vite
    qu'une larme qui tombe
    Et son âme contrite
    A mon amour succombe
     
    Comment ? Me dit mon âme,
    Tu veux le retenir ?
    Quelle drôle de dame
    D'aimer ainsi souffrir !
     
                                                       Françoise Aubry de Montdidier
     
     
     
  • Mort in fine

                                                                     Acrylique Louis Lemée

     

     Tu n'auras pas assez du temps qu’on effiloche à la lueur des falots

    tant de fois démembrés par les houles répétées usant les souliers,.

     

    Hier, les frayeurs ont fui affolées par la félicité

    Demain, aux sournoises attaques, elles reviendront  en bourrasques.

     

    Tu l’auras ton brouet tiédi au vent de bise

    Et tes mains squelettiques s’agiteront au bord de ton assiette.

    Tu racleras les dernières miettes sur ta denture déchaussée.

    Tes lèvres dégonflées, devant le danger, dériveront  vers le gouffre du mutisme.

     

    Imperceptible sera la sueur qui s’amoncelle sous la peau

    laiteuse et transparente

    Où meurt le grenat des veines refroidies.

     

     

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  • Chez moi c'est tout petit

                                                                                                                                      Jean-Pierre Sauvage

     

     

    Quelques brins d'herbe, entre les dalles se poussent vers la lumière.

    Contre le mur, allongée, une échelle accroche les liserons.

    Dans les fissures, les lézards guettent, les chats aussi.

    Un broc sèche après la dernière pluie, dans l'attente de la prochaine.

    Des tuiles, fatiguées, sont descendues à terre, estropiées à vie.

    C'est depuis une pierre haute que l'on voit, embroché, le vieux coq du clocher.

    Contre le seuil, un balai pour chasser les mouches et les miettes de pain.

    La porte grince sur ses gonds faisant trembler la vitre et tomber la poussière.

    Les pavés usés de l'entrée font un nid-de-poule.

    Au milieu une table, comme un autel nappé de blanc et en son centre, un dessous de plat.

    Au-dessus de la vieille cuisinière, dos au mur, les passoires et les louches sont disposées en batterie.

    Sur une étagère, quelques pots chapeautés sont alignés sagement du plus grand au plus petit

    Et puis, un coucou est venu nicher dans l'horloge...Il ne chante plus, il n'a plus de ressort.

    Tournant le dos à la table, un crapaud fatigué tend mollement ses bras aux bûches rougeoyantes

    Tandis que sur le tapis, le chat, d'un oeil, surveille les escarbilles et joue à saute-mouton.

    Près du bahut recouvert de plantes rustiques, le piano est ouvert sur un prélude de Bach,

    Et puis des livres montant et descendant les étagères ayant  quitté les quais de Seine ou les fourbis des brocanteurs semblent se plaire parmi des tortues  et des statues en plâtre.

    Un coin de guéridon pour poser les coudes quand, fatiguée,  je m'absente du décor.

    Reste un recoin pour le lit où la toile jouit d'un édredon fait de plumes qui crèvent la fine  batiste

    Et volettent autour d'une carafe

    Un soleil oranger se couche sur le rebord de la fenêtre tandis que la maison  à cette heure, embaume la camomille.

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  •  

     

    L'aube de l'hiver

     

     Quand le soir est sans lune et qu'il vente si fort

     De lugubres lueurs filent à vau de route ;

     Un troupeau s'y engouffre et cherche une redoute

     A l'abri des futaies coupant le froid du Nord.

     

     Il faut presser le pas car l'ombre de la nuit

     Suspend à son chevet le passeur de brouillard

     Qui mène au champ de mort son triste corbillard

     D'homme désemparé pour un destin enfui,

     

     Car, même ruisselant des eaux des grandes peines,

     Même brinquebalant nos épuisantes chaînes

     Sous la vive torpeur ou sous l'âpre grésil,

     

     A nos corps affamés la tremblante fumée

    Comme bon pain attire en chaude maisonnée

    Vers la réjouissante flamme qui vacille.

     

    ***

     

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  • Dans le Connemara

    Mary Cassat

    Dans le Connemara



    Dans son lit, ma grand-mère est en proie aux douleurs.
    Commencèrent ainsi les ennuis de ma mère.
    La nuit de sa naissance au jour de Saint Sylvestre,
    Et l’on prie Saint Gerard, patron des jeunes mères,
    Mais que peut faire un homme en une pareille heure?
    L'enfantement, pardi, n'est sa tâche terrestre.
    Pousse! Jésus, Marie et Sacro-Saint Joseph,
    Qu'il vienne cet enfant avant le réveillon,
    Avant que les sifflets, trompettes et sirènes
    Explosent en clameurs dans la parturition.
    La matrone saisit la tête de ma mère
    Mais son corps se refuse à descendre sur terre.
    Par Sainte Anne assistant les cas bien difficiles,
    Il faudrait que les bras, par ici, se faufilent.
    Et pousse et grogne ma grand-mère exténuée,
    L'enfant tarde à montrer la couleur de son sexe.
    Toi, Saint Jude, patron des cas désespérés,
    Vas-tu sortir, l'enfant, hein, dis, qu'est-c' que t' attends?
    Une ultime poussée devant les yeux perplexes,
    Au monde, vient enfin, ma pauvre petit'mère
    Au cheveu frisottant et aux yeux bleus tout tristes.
    Seigneur Dieu, cet enfant est à ch'val sur le temps!
    De naître ainsi, le cul dans la nouvelle année,
    La tête dans l'ancienne, est un cas de papiste.

    Son enfance passa bien douloureusement
    Mais jamais ne vous manque l'amour d'une mère
    Tant que les croque-morts ne l'ont portée en terre.

     

     

    ***

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  • Neige

     

    Neige

     

    Blanche est la lune
    Aussi ronde que la terre
    Blanche en hiver

    Comme un linceul
    Etend ses lueurs diaphanes
    En douce écume

    Ciel gris perlé
    Arrose de gouttes blanches
    L'étang gelé

    Ombres dociles
    Tes pétales argentés
    Couvrent les toits

    Temps immobile
    Repose sur les douleurs
    Peurs en exil

    La nuit se pose
    Entre le gris et le blanc
    En grand silence

     

     

    ***

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  •  

    Chere Pair Nouel

     

    Chere Pair Nouel,

    ça fé mintenant un an que je vou zai envoillé ma lette et jattend toujour la raiponse. C'é enbétant si vou raipondé mintenant pace que j'en é pu besouin depui que j'é un ordinateure et que je fé dénorme progrèsse alor, le ditionnaire i'n servira pu a gran choze, vu que jean é trouvé un vachmant bien sur un ternette. .Quan jécri, si cé pas ça, i souligne le mot en rouge, dayeur, jean voi plin pisque je vou zécri sur vorde.
    Et pi, de toute fasson, je vou zavé comandé un rober mais, depui cet année, je quife les fille . alor, j'auré préféré la rousse qui é bin pu magniable mai come je vou zé di, cé pu la peine.

    Come jé comencé a apprendre le latin pace que le françai i vien du latin, si cé pa tro vou demandé, j'émeré bien un ditionaire de latin. Faite gaffe iau temp qui passe vite pace que l'année pase vite pace que lannée prochaine , je conte étudié le greque pace que le franfrançai, i vien du greque aussi et si vou zoublié encore de répondre a ma lette je prendrè du retar sur mé zétude et le retar ça pardone pa ça se ratrape pa. Si vou zen navé pu et qui faut que je n'achtète, dite le moi, je gagneré du temp.
    Le coli, ne sera pa nécésaire de le fignolé pace que ce qui mintéraisse, cé pa lembalage.
    Je vou quitt Chere Pair Nouell, jé wiki en ligne. Ma lette cliniote comme un sapin de Noël et ça lé affole
    Je vou pri dagréer, Chere Pair Nouel, mé distingué homage.

    Signé
    Jean Narpeur-Derien

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    Amusez-vous bien  et retrouvez les références des dictionnaires:

    Larousse, Robert, Quillet, Gaffiot, Collins, Happer, Hachette....

     

     

    ***

     

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  • Mon florilège de petits poèmes d'amour

     


    Je n’ai pas su vous dire
    La couleur des fougères
    Encore moins leurs reflets
    Au profond de vos yeux

    Mais je ne saurai taire
    Cette épine qui geint
    Chaque fois que je vois
    S’enfuir une hirondelle

    ....................

    Je n’ai pas su vous dire non
    J’ai même oublié votre nom

    ....................

    J’avais cueilli des simples
    Aux fragrances trop fortes
    Dans les chenets consument
    Les restes d’amours mortes

    ....................

    L’oiseau sur la margelle
    Trille si tristement
    Un amer tremblement

    ...................

    Ma porte à tous les vents s’ouvre sur la rumeur
    Qui ne laisse passer la feuille encore vierge
    Du pourpre des saigneurs.
    Pourtant mon cœur héberge
    Un pinson qui fluette au seul bruit d’un passeur

    ....................

    J’ai payé de baisers
    Le chauffeur en livrée,
    Ceux que j’avais gardés
    Depuis mai dépassé

    ....................

    Quand les mots font si peur
    Rendant l’amour aveugle
    Il faut attendre l’heure
    Où la nuit se dépeuple

     

    ***

     

     

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  • Le vin chaud

    Le buveur Viktor Olivia

     

    Le vin chaud

     

    Il se fait tard
    Allons, mon ami, viens,
    La lune fera la guet !
    La corne s'évertue
    Et la brume déplie
    La vague dévêtue.

    Cette écume frémissante,
    Dentelle ébouriffée,
    Ce n'est pas une robe ballottée au rocher,
    Non, ce n'est pas sa peau blanche
    Qui gémit sous les lames,
    Ce sont tes sanglots qui t'étranglent
    Ce sont tes larmes qui ruissellent
    Des brisures de malheur.

    Allons, viens chez Angèle !
    Allons boire le vin chaud qui pleure
    Les rêves et les peines
    Et sur les cordes des guitares,
    L'amour qui saigne jusqu'à plus d'heure.

     

     

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  • Bord de Loire

     

    Bord de Loire

     

    Le bruit mou du fleuve paresseux
    Sous la brume florale du petit matin.
    Les arbres répandent un crépuscule vert
    Et le vent léger agite la poussière des feuilles.
    Sur la rive, une maison jaunâtre, à la verrière noircie,
    Comme un tableau fraîchement peint.
    Deux novices lisent dans un jardin d’hortensias.
    La Loire, de son lit, fait sécher ses draps,
    Où s’enlisent des périssoires.
    Et sur son bord un porche
    Surmonté d’une croix forgée dans le fer
    mène aux îlots de marbres décorés.
    Dans cet enclos aux allées de sable de la rivière,
    Qu'il est doux d’y laisser son père
    Entouré de si nombreux parents .

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  • Présage

     

    Présage

     

    Il me semble que la mer a tremblé
    Le phare n'éclaire plus les naufragés.
    Houle roule les appels de vies brèves
    Quand en paquets humides vocifèrent.
    J'entends des bruits qui grondent de la terre,
    Vaste radeau branlant qui s'époumone.

     

    Rentrons, ma mère, et faisons nos prières,
    Vite, fuyons les hideuses gorgones !
    Nous aurons de blanches couvertures
    Quand la nuit deviendra obscure
    Et nous nous serrerons, brûlant nos mains
    Au journal de demain.

     

     

    *

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