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f.Aubry de Montdidier
Sous les doigts dégantés
Envol d’une escouade de vanneaux,
Epis courbant sous le fléau,
Ondes insaisissables
Des souvenirs impalpables ;
Neiges fondant sous le geyser sulfureux
Des songes-creux ;
Quelques notes traversières
Humides sous les paupières
Et des ciels comme des mouchoirs
Essorant nos humeurs ;
Un parfum volatil
Qui fuse et se faufile ;
Une larme fugace
Qui roule dans l’impasse ;
Clameurs qui s’évanouissent
A l’orée des prémisses.
Une part de nous, grelotte d’être à nu
Se ranimer dans le courant
Là où la houle soulève l'ivresse
Et, Ô tendre merveille,
Ô, nature enchanteresse,
Voir la fleur qui rit au soleil
Sous les doigts dégantés
Et rêver, sur la pointe des pieds.
*
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Hirondelles
Hirondelles en ribambelles
Avant le givre sonne l’appel
Du grand voyage,
Du vent du Sud et ses mirages.
Adieu l’insouciance, demoiselles,
Il faut quitter le nid,
Oublier les heures bénies ;
Plus de sarabandes ni de ritournelles.
Longue est la route et l’avenir cruel !
Si vous passez près de la Seine,
Allez lui dire toute ma peine,
Et si vos cris ne les entend
C’est par la faute du mauvais temps.
Rejoignez sans tarder le cortège
Et que Dieu, sous son aile, vous protège !
*
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Le canal
C'est au bord du canal
Qu'on la trouvait, errante,
Tout au bout du chenal,
Au monde, indifférente.Elle arpentait, sans trêve,
Le sentier de l'écluse,
Là où gisent ses rêves
En mémoire recluse.Elle embrassait la rive.
Herbes et fleurs sauvages
Partaient à la dérive
Comme verts pâturages.Elle fauchait le vent
En frappant dans ses mains.
L'écho portait au loin
Un rire de dément.Il est là son amant,
Englouti sous l'eau noire.
Folle est-elle de croire
Qu'il est toujours vivant.C'est dans un tourbillon,
Qu'un soir de février,
Dans l'eau a fait des ronds.
Il était éclusier*
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Par grand vent
Tes habits sont devenus trop vastes où le grand vent s'engouffre.
Toujours une tempête pour en chasser une autre.
Et voilà qu'un jour comme aujourd'hui,
Lasse de t'arrimer à la terre,
Lasse de tirer sur les jours pluvieux
Un jour que même le vent peut soulever ton maigre corps,
Les unes après les autres,
Tu écartes les branches qui cachaient les nuages,
Tu attrapes l'un d'eux. Etrangement,
C'est avec aisance que, prenant ton envol, tu deviens mousseline,
Si douce, si légère que les zibelines et les ours blancs s'en parent la frimousse.
Le soleil a beau faire,
S'habiller de bleu ou de rose
Faire mûrir les pommiers
Miroiter sur les étangs ou les océans
Ou bien s'endormir comme un enfant sur le bord de l'horizon,
Rien ne te fera revenir, maman.
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F.aubry de Montdidier
Prière
Ma peine est endormie
Dans le jour qui finit
Ne la réveillez pas
De son sommeil si las
…
Voyez, elle repose
La paupière mi-close
D’où s’échappent encor
Quelques poussières d’or
…
Ce sont gouttes de pluie
Restes d’une furie
Venue d’un paysage
balayé de nuages
…
De sa lèvre entr’ouverte
Où meurt un pli inerte
Divaguent des soupirs
Sur les heures qui s’étirent
…
C’est comme une prière
Un souffle qui libère
Un pardon qu’elle clame
Venu du fond de l’âme
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image: fond-ecran-image.com
La légende du cellier
Poussière à l'odeur suffocante du passé,
Stratifié, statufié, dans l'antre du cellier.
Le buffet affaissé de souliers funambules
Aux talons éculés sentant les vieux cirages,
Geint pour peu que d'un doigt, on trace des virgules
Sur les embauchoirs ayant subi maints outrages.
Le fauteuil sur deux pieds marche avec la béquille,
Attendant le gitan pour être rempaillé,
Se soutient au balai de crin décoiffé
Et d’un lave-pont qui, placide, ne sourcille.
Une tête de loup toise haut la balayette
Ayant mis au trépas tous les ramasse-miettes.
Le feu n'anime plus le vieux poêle Godin
Sur lequel se lamente une bassine en zinc
où s'affale asséché un vieux pot ripolin.
Se souvenant du temps où c'était jour de bringue,
La lessiveuse en biais tient le crachoir au broc
Affublé d'un pépin, au vent, débaleiné.
Un fer plat oublié s'étrangle dans l'étau
Sous le regard dandin de la tôle ondulée.
Ca sent la graisse et l'huile au bord de l'établi
Où traînent clous et vis, boulons en pot-pourri.
Les pinces monseigneur font la nique aux anglaises
Exhibant des colliers et des vis japonaises,
Tandis qu'Arsène dort près des passe-partout.
Non loin de ce fatras, posent au garde-à-vous
Des rangées de litrons depuis longtemps lampés
Et Leclerc veille encor la deuxième D.B.
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