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Jean-Pierre Sauvage
Quelques brins d'herbe, entre les dalles se poussent vers la lumière.
Contre le mur, allongée, une échelle accroche les liserons.
Dans les fissures, les lézards guettent, les chats aussi.
Un broc sèche après la dernière pluie, dans l'attente de la prochaine.
Des tuiles, fatiguées, sont descendues à terre, estropiées à vie.
C'est depuis une pierre haute que l'on voit, embroché, le vieux coq du clocher.
Contre le seuil, un balai pour chasser les mouches et les miettes de pain.
La porte grince sur ses gonds faisant trembler la vitre et tomber la poussière.
Les pavés usés de l'entrée font un nid-de-poule.
Au milieu une table, comme un autel nappé de blanc et en son centre, un dessous de plat.
Au-dessus de la vieille cuisinière, dos au mur, les passoires et les louches sont disposées en batterie.
Sur une étagère, quelques pots chapeautés sont alignés sagement du plus grand au plus petit
Et puis, un coucou est venu nicher dans l'horloge...Il ne chante plus, il n'a plus de ressort.
Tournant le dos à la table, un crapaud fatigué tend mollement ses bras aux bûches rougeoyantes
Tandis que sur le tapis, le chat, d'un oeil, surveille les escarbilles et joue à saute-mouton.
Près du bahut recouvert de plantes rustiques, le piano est ouvert sur un prélude de Bach,
Et puis des livres montant et descendant les étagères ayant quitté les quais de Seine ou les fourbis des brocanteurs semblent se plaire parmi des tortues et des statues en plâtre.
Un coin de guéridon pour poser les coudes quand, fatiguée, je m'absente du décor.
Reste un recoin pour le lit où la toile jouit d'un édredon fait de plumes qui crèvent la fine batiste
Et volettent autour d'une carafe
Un soleil oranger se couche sur le rebord de la fenêtre tandis que la maison à cette heure, embaume la camomille.
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