-
A la lanterne
A la lanterne !
Les arbres s’habillaient de bouquets blancs
La terre endormie se poudrait de vert
Pourtant la ville avait l’odeur du sang
Et ses passants, un visage d’hiver.Pleurez, pleurez, petits enfants,
Vous aurez des moulins à vent.Le fin clocher arbore la cocarde
Saluant l’arbre de la liberté
Et la potence joue de la camarde
A essuyer la cravate à Capet.Pleurez, pleurez, la liberté,
De sang les lauriers sont coupés.Rue des Foulons exposés au carcan,
Voyez ces bas de soie, ces taffetas ;
Un carré d’as ne fait pas un brelan
De mégères braillant “ C’est du rata ! ”Pleurez, pleurez, les nouveaux-nés,
Au champ la charrette a crouléL’oeillette fanée pleure la Saint Jean.
On dénonce dans les bouches de fer.
On emmenotte et complote à l’encan
Les calottes et jabots réfractaires.Pleurez, pleurez, petites filles
Vous danserez à Saint FaucilleOù sont passées les aurores nacrées
Et la blonde lumière du soleil ?
Dans la campagne, le chauffeur à pied
Dépouille, égorge et vole le méteilPleurez, pleurez, brav’ paysans
Hélas, la révolution ment.Décadi n’est pas dimanche et pourtant,
A lueur du crasset, on attend
Que thermidor, enfin, rende aux enfants
Leur bonne galette des rois d’antan.Riez, cachez, petits marmots,
Les louis d’or dans vos sabots.
-
Commentaires
Bonjour Ardence,
Très beau poême sur la révolution, mais qui pourrait être d'actualité avec ce qui se passe dans le monde.
Quel talent Ardence
Merci et bonne journée
Amicalement
Pivoine
Merci à vous trois.
Pivoine a raison, le poème (ou plutôt chanson poétique) est intemporel. L'histoire est un éternel recommencement comme si les leçons étaient mal apprises. On tue au nom de la fraternité, au nom des religions au nom de la liberté, c'est pourquoi, Dominique a retenu "la révolution ment" ...Que sont devenus "les printemps arabes"? ...un espoir repoussé à saint glin-glin.
Merci Isis pour votre lecture.
Ajouter un commentaire
"Hélas, la révolution ment"
c'est ce que je retiens de ce poème qu'on croirait écrit à la fin du 18ème siècle. Je suis complètement "dedans".
Ca me fait penser à une vieille édition de "le drame de 93" de Alexandre Dumas, que j'ai dans mes archives (1851).
dominique