• A la lanterne

    A la lanterne

    A la lanterne !


    Les arbres s’habillaient de bouquets blancs
    La terre endormie se poudrait de vert
    Pourtant la ville avait l’odeur du sang
    Et ses passants, un visage d’hiver.

    Pleurez, pleurez, petits enfants,
    Vous aurez des moulins à vent.

    Le fin clocher arbore la cocarde
    Saluant l’arbre de la liberté
    Et la potence joue de la camarde
    A essuyer la cravate à Capet.

    Pleurez, pleurez, la liberté,
    De sang les lauriers sont coupés.

    Rue des Foulons exposés au carcan,
    Voyez ces bas de soie, ces taffetas ;
    Un carré d’as ne fait pas un brelan
    De mégères braillant “ C’est du rata ! ”

    Pleurez, pleurez, les nouveaux-nés,
    Au champ la charrette a croulé

    L’oeillette fanée pleure la Saint Jean.
    On dénonce dans les bouches de fer.
    On emmenotte et complote à l’encan
    Les calottes et jabots réfractaires.

    Pleurez, pleurez, petites filles
    Vous danserez à Saint Faucille

    Où sont passées les aurores nacrées
    Et la blonde lumière du soleil ?
    Dans la campagne, le chauffeur à pied
    Dépouille, égorge et vole le méteil

    Pleurez, pleurez, brav’ paysans
    Hélas, la révolution ment.

    Décadi n’est pas dimanche et pourtant,
    A lueur du crasset, on attend
    Que thermidor, enfin, rende aux enfants
    Leur bonne galette des rois d’antan.

    Riez, cachez, petits marmots,
    Les louis d’or dans vos sabots.

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 14 Août 2014 à 09:50

    "Hélas, la révolution ment"

    c'est ce que je retiens de ce poème qu'on croirait écrit à la fin du 18ème siècle. Je suis complètement "dedans".

    Ca me fait penser à une vieille édition de "le drame de 93" de Alexandre Dumas, que j'ai dans mes archives (1851).

     

    dominique

     

    2
    Vendredi 15 Août 2014 à 07:54

    Comme toujours, très, très beau !

    Quel talent !

    Merci Ardence .

    3
    Vendredi 15 Août 2014 à 08:00

    Bonjour Ardence,

     

    Très beau poême sur la révolution, mais qui pourrait être d'actualité avec ce qui se passe dans le monde.

     

    Quel talent Ardence

    Merci et bonne journée

    Amicalement

    Pivoine

     

    4
    Samedi 16 Août 2014 à 08:39

    Merci à vous trois.

    Pivoine a raison, le poème (ou plutôt chanson poétique) est intemporel. L'histoire est un éternel recommencement comme si les leçons étaient mal apprises. On tue au nom de la fraternité, au nom des religions au nom de la liberté, c'est pourquoi, Dominique a retenu "la révolution ment" ...Que sont devenus "les printemps arabes"? ...un espoir repoussé à saint glin-glin.

    Merci Isis pour votre lecture.

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