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Au revoir
- F.Aubry de Montdidier
Au revoir
Cela sentait le départ.
Elle était apprêtée pour un mystérieux voyage
Endossant un tailleur prince de Galles si grand pour ses frêles épaules.
Dénudée de ses bijoux et de son parfum de rose anglaise,
Mais le doigt marqué du sceau de l'alliance éphémère,
On lui avait coupé les ongles.
Sur sa nuque rafraîchie, un foulard un peu fané noué comme un papillon mort
Enfin, ses souliers cirés du dimanche, délicatement noués.
Je ne l'avais jamais vue si calme, si reposée.
Ses lèvres exsangues semblaient fardées de blanc d'Espagne
Et ses paupières laiteuses ne frémissaient plus sous de vagues rêveries.
Elle était enfin prête, confortablement installée.
Hier encore, elle marmonnait, dodelinait :
- Où sont les musiciens?
- Ils t'attendent, Maman.
Mais je n'entendis jamais le concert des anges entonner l'au revoir.
C'est pourquoi, le matin, quand je me réveille, je dis encore
«Bonjour, Maman!»*
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Commentaires
Bonjour Ardence,
Le départ d'une personne chère est tellement douloureux qu'il est difficile de l'accepter, alors on fait comme si cette personne était absente mais tellement présente dans notre pensée qu'on peut encore lui parler ...
Merci pour avoir écrit ces mots
Belle journée
Pivoine3
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Et moi je dis Bonjour Ardence.
J'avais commis un poème à la mort de mon grand-père, en 1968...
Et mis dans le cercueil de mon papa son rabot familier.
dominique