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Dans le Connemara
Mary Cassat
Dans le Connemara
Dans son lit, ma grand-mère est en proie aux douleurs.
Commencèrent ainsi les ennuis de ma mère.
La nuit de sa naissance au jour de Saint Sylvestre,
Et l’on prie Saint Gerard, patron des jeunes mères,
Mais que peut faire un homme en une pareille heure?
L'enfantement, pardi, n'est sa tâche terrestre.
Pousse! Jésus, Marie et Sacro-Saint Joseph,
Qu'il vienne cet enfant avant le réveillon,
Avant que les sifflets, trompettes et sirènes
Explosent en clameurs dans la parturition.
La matrone saisit la tête de ma mère
Mais son corps se refuse à descendre sur terre.
Par Sainte Anne assistant les cas bien difficiles,
Il faudrait que les bras, par ici, se faufilent.
Et pousse et grogne ma grand-mère exténuée,
L'enfant tarde à montrer la couleur de son sexe.
Toi, Saint Jude, patron des cas désespérés,
Vas-tu sortir, l'enfant, hein, dis, qu'est-c' que t' attends?
Une ultime poussée devant les yeux perplexes,
Au monde, vient enfin, ma pauvre petit'mère
Au cheveu frisottant et aux yeux bleus tout tristes.
Seigneur Dieu, cet enfant est à ch'val sur le temps!
De naître ainsi, le cul dans la nouvelle année,
La tête dans l'ancienne, est un cas de papiste.
Son enfance passa bien douloureusement
Mais jamais ne vous manque l'amour d'une mère
Tant que les croque-morts ne l'ont portée en terre.***
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Commentaires
Non! Non! C'est pas ma mémé qui fait ma maman! ç'est sorti de mon bonnet il y a quelques temps et ça revient aujourd'hui pour le Nouvel An d'autant plus que tout récemment, une petite noiraude est venue au monde le 29 décembre. Elle a failli naître à cheval sur les deux années!!!
Très original ..je n aurai pas eu l'idée d'écrire sur l'accouchement.4Alain.ChDimanche 4 Janvier 2015 à 11:36Sedna, très belle nouvelle année à vous! Merci pour votre fidèle présence sur mes pages.
Cette histoire a été conçue pour ne pas oublier un bouquin (mais j'ai oublié le titre!!!) que j'avais lu sur l'Irlande avant la grande évasion des Irlandais vers l'Amérique, poussés par la famine. Cette accouchement témoigne de la rudesse de la vie à cette l'époque. . Ma mère et ma grand-mère, paix à leurs âmes, ne se retrouveraient peut-être pas dans ce récit.
Merci Alain...Vous me faites penser à quelqu'un que je connais mais peut-être que toute ressemblance est purement fortuite. Merci pour votre visite en tous cas...Et joyeuse Année!
Bonjour Ardence et bonne année,
Comme des bulles qui éclatent à la surface de l'eau, votre poème me fait revivre les naissances de mes enfants auxquelles j'ai assisté et l’émotion que je ressens encore. Merci.
Ardence
Merci pour ce bien joli poème humoristique dont l'accouchement ne semble pas avoir été long et
douloureux.Peut être une péridurale a t'elle facilité le travail ?
Je vous souhaite une belle année 2015.
Amicales pensées.
Renaud
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je ne sais pas si beaucoup de poèmes ont été écrits sur les accouchements, les difficiles en particulier, mais le tien a au moins le mérite d'exister.
Ta grand-mère et ta mère étaient Irlandaises ou seulement de passage en ce beau Connemara?
dominique