• La Madone

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    La Madone

    peinture F.Aubry de Montdidier

     

     La Madone

     

    Peut-être la surprendrez-vous

    Cachée sous une dune blonde

     Portant un enfant à son cou ?

     Vous penserez qu’elle est féconde

     Drapée dans sa robe safran

     Aux pans légers s’ébouriffant.

     Elle enfle au vent chaud du désert

     Ses flancs arrondis de promesse.

     Vous la verrez, la femme fière,

     Prendre à l’argile sa noblesse.

     Peut-être la surprendrez-vous,

     La Madone, debout.

     

     Là-bas, dans les palétuviers

     Des feux de roquettes déchirent

     Le bleu du ciel noir de mortier.

     Ses frères, son père, s’en vont rougir

     Les eaux du fleuve dont la reine

     Plus ne veille sur ses enfants.

     Comme l’ébène qu’on enchaîne

     Vont s’engloutir les talismans

     Et les flamants en désarroi

     Fuient la Mangrove qui les cloue.

     Au loin, vous la verrez parfois,

     La Madone, à genoux.

     

     Son ventre crie la délivrance.

     Ô sombres yeux dont la détresse

     Aura raison de sa vaillance.

     La vie, la mort, tous deux oppressent.

     Dans cet enfer, un sang nouveau

     Perdrait trop tôt son innocence,

     Rejoindrait vite le tombeau.

     Elle s’étend. Sans résistance,

     Au soleil offre ses entrailles

     Tandis que gronde la mitraille.

     Vous l’entendrez, agonisante,

     La Madone : elle enfante.

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 23 Juillet 2014 à 22:46

    ce poème est triste comme la guerre.

    Et me rappelle de loin le "clair de lune" de Hugo que j'ai tant décortiqué, il y a 50 ans environ...

    " Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
    On verrait, en sondant la mer qui les promène,
    Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
    La lune était sereine et jouait sur les flots"

     

     

    dominique

    2
    Jeudi 24 Juillet 2014 à 10:00

    Ah oui! Ces vers de Hugo que je compare à la rondeur en bouche d'un bon vin.

    Merci pour ce rappel. Il y avait matière à dire  sur ces quatre lignes.

    Bien belle journée, Dominique.

     

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    3
    Jeudi 24 Juillet 2014 à 23:13

    Je suis saisie par la profondeur et la qualité de vos vers, Ardence ! On croirait lire un poète classique ! C'est très beau, fort, poignant, et extrêmement bien écrit. Merci pour ces magnifiques partages qui remuent et bouleversent.

    Amicalement

    ps : merci beaucoup pour votre visite et votre commentaire aussi gentil que perspicace..

    4
    Vendredi 25 Juillet 2014 à 16:25

    C'est très beau, et j'aime beaucoup vos vers qui sont d'une très grande qualité..

    à bientôt

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