• Ma mère voulait pas être bonniche

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    Ma mère voulait pas être bonniche

    Toulouse -Lautrec : Le salon de la rue des Moulins

     

    • Ma mère voulait pas être bonniche

     

    J’invite mes chagrins à se donner la main
    A rechercher l’enfance en papier quadrillé.
    Allez ! Sonnez l’arrière-ban des misères d’antan !
    Même si l’on ne revit jamais rien et que l’on rafistole,
    La vie rentre d’abord par les odeurs.
    On a des parfums calés dans la mémoire,
    Ceux des œillets mirlitons de chez la Madame Rose
    Jusqu’à ceux des chrysanthèmes sur la tombe du p’tit frère
    L’odeur du grésil dans la niche du chien
    Et celle des médocs du papy résistant.

    J’invite mes chagrins à se donner la main.
    Même si j'étais le gosse qu'on n'attendait pas,
    Qu’on cachait dans la luzerne de la Creuse,
    J’avais pour mère une dame parfumée
    Qui m'envoyait des cartes postales de Paname
    Où un jour je la rejoindrai
    Elle me visitait après les Noëls dans la ferme
    Où je dormais avec d’autres mioches surnuméraires
    Dans des p’tits lits en fer.

    J'invite mes chagrins à se donner la main
    Quand la blanche torpédo longe le clapier
    Faisant crisser les roues et meugler dans l'étable,
    Riri le parigot en trois pièces et manchettes
    Suçant son havane en comptant la recette
    Ma belle dame de mère chapeautée de bibis
    Et les jambes luisantes de bas nylon
    Laissait des traces de son parfum dans l’escalier
    Puis s’en allait poursuivant son chemin bordé d’hommes.

    J’invite mes chagrins à se donner la main.
    Un jour j’ai quitté ma dépouille d’enfant
    Pour devenir parisien chez les dames modistes
    Avec Loulou, Mimi, Cathou dans leur salon mignon
    Au fond d’une courette fleurie
    Où venaient des messieurs graves aux boutons en légions
    Qui faisaient dormir les bonniches dans des mansardes glacées
    Les rescapés de la Première aux érections fléchissantes.
    Et puis… Et puis… La Deuxième guerre est arrivée !
    Mais … Ne Parlons pas de ça, on ne peut pas passer sa vie
    A se mettre la rate au court-bouillon pour les malheurs du passé .

     


    (Hommage à Alphonse Boudard)

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  • Commentaires

    1
    Samedi 26 Juillet 2014 à 07:04

    Tout est réel ici, 

    Un énorme plaisir de vous lire !

    Bon w-e .

    Merci .

    2
    Samedi 26 Juillet 2014 à 08:32

    Votre visite en ce lieu pourtant mal fâmé  me fait plaisir.

    Très belle journée à vous.

    3
    Samedi 26 Juillet 2014 à 09:14

    J'ai vu ce tableau l'an dernier au musée d'Albi.

    Note que quand tu viens chez moi il ne faut pas oublier de remplir la case "site web" pour que les autres puissent savoir quel est le nom de ton blog en cliquant dessus.

     

    dominique

    4
    Samedi 26 Juillet 2014 à 22:18

    Bonsoir Dominique..Je suis allée bidouiller dans les rubriques sans savoir si j'ai vraiment atteint le but que vous m'avez assigné.  Je ne suis pas très "facebook" hormis pour la relation avec mes proches, je ne twitte pas (encore) et j'ai un compte google que j'ouvre quand on m'y invite  et c'est la famille. J'intègre avec lenteur les modalités. Suis pas du tout technicienne.

    Merci pour votre aide!  Belle nuit à vous!

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