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Par ardence le 21 Novembre 2014 à 21:32
Ma licorne
La maison regardait la croix du cimetière
Pourtant, n’allez pas croire aux mornes horizons
Si l’allée fleurissait de façon singulière
Notre cour s’animait aux pas du percheron.Pourtant, n’allez pas croire aux mornes horizons ;
Bien sûr le corbillard soufflait un air austère
Mais la cour s’animait aux pas du percheron
Piaffant près de la forge attendant qu’on le ferre.Bien sûr le corbillard soufflait un air austère
Et je me balançais sur le cheval-d’arçon
Piaffant près de la forge attendant qu’on le ferre.
Hélas, vie et trépas vont à califourchon.Et je me balançais sur le cheval-d’arçon
De Charybde en Scylla je perdais des œillères,
Hélas vie et trépas vont à califourchon
Je regardais ma cour, ma rente viagère.De Charybde en Scylla je perdais des œillères
Mêlant corne bénie sur l’eau du goupillon
Je regardais ma cour, ma rente viagère
A l’abri des vertus de Maître Parangon.Mêlant corne bénie sur l’eau du goupillon,
Ainsi dans ce hameau mes enfances passèrent.
A l’abri des vertus de Maître Parangon
La maison regardait la croix du cimetière.*
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Par ardence le 17 Novembre 2014 à 08:54
Mon bestiaire
Pelotonnée sous l’édredon,
Aspirant l’air froid, mon nez
Frotte l'amidon de l'oreiller
Echappé d’un drap suranné.
Je flaire le matin frileux,
L’odeur du papier peint humide
Qui s'écartèle en lambeaux ;
Tristes guirlandes qui se rident,
Attrape-mouche dans le manteau
Du mur qui creuse des cratères
Où gîte mon vivant bestiaire :
Museaux pointus, pattes velues,
Langues fourchues, fronts encornés,
Ailes fourbues ou becs crochus
Que mes ongles ont déchirés
Patiemment au long des années.Le lièvre nargue un éléphant
Juché sur l’aile d’un héron
Qui se moque de la cigogne
Chassant les tiques de sa trogne ;
Placide, la loutre se glisse
Entre les jarrets du taureau
Qui secoue sa queue frénétique
Autour des naseaux du chameau
Et ses barbillons se redressent
Chatouillant le bec d’un rapace
Dont les serres enserrent l’ânesse
Faisant pathétiques grimaces.Sur l’arche chacun entend bien,
A nul autre céder la place,
Mais je régis cet univers ,
Je suis la reine du palace :
D’un coup d’ongle, adieu la vipère !
J’entends des pas dans l’escalier ;
Mes amis, je dois vous quitter :
C’est l’heure où tous les écoliers
En hâte doivent réviser
Les tables les conjugaisons,
Les fables et leurs divisions.*
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Par ardence le 10 Novembre 2014 à 21:16
Pensées
Un vulgaire caillou
Venu je ne sais d'où
-Mais pourquoi se gêner ?-
Ecrase mes penséesJe les avais cachées
Croyant les retrouver
Sous la branche moussue
D'un vieux chêne chenuLes voilà emmêlées
Et j'en perds les pédales
Voyant que mes pétales
Alanguissent frippésJ'étouffe sous la pierre
Et mon âme meurtrie
Au silice tranchant
Laisse perler mes versPar chance ces beautés
Gisaient sur un terrier !
Deux oreilles pointues
Ont bousculé l'intrusMon Dieu que de désordre !
Mes corolles froissées
Mes idées à détordre !
Il faut tout repasser !*
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Par ardence le 5 Novembre 2014 à 04:16
f.Aubry de Montdidier
De l'or dans mon jardin
Il pleut, il pleut de l'or dans mon jardin
Ors jaunes, ors gris, ors pourpres s'amoncellent,
Meurent sur les eaux calmes du bassin
Ou bien dans les gouttières qui chancellent.
Les allées prennent des airs de rupins
Et la vigne rougit sur la margelle.Trésors craquants, à brassées je les mords,
Barbouille ma figure et fais main-morte.
Plus loin je cours et je roule sur l'or,
Et vlan! Une bourrasque les emporte!
Adieu billets doux, vide est mon amphore;
Les pies jacassantes leur font escorte.Il pleut, il pleut des larmes dans la cour,
Larmes d'argent, larmes blanches, dondaine
Papiers de soie et duvet de velours
Ballottent à tous vents qui les entraînent
Mais à bien regarder leurs beaux atours
Gouttes de sang perlent au bout des pennesIls se sont tus les joyeux tourtereaux.
Leur nid désert branle dans les branchages
Et sur le sol, couchés sur les bardeaux
Parlent d'amour en leur triste langage.
Il pleut, il pleut de l'or dans le closeau,
Il pleut, il pleut, larmes en marécages.*
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Par ardence le 1 Novembre 2014 à 23:09
Mes deux petites mères, aujourd'hui, c'est votre fête.
J'ai attendu que les averses en aient fini de cingler la terrasse et de creuser des rigoles devant le pas de la porte Oui, je prends mon temps. Et alors? Maman, la dernière fois que je suis allée te voir,ce ne fut pas une réussite, souviens-toi. J'avais fait un détour exprès pour te parler avant d'aller chez le notaire. Je t'avais bien recommandé de peser de toute ta volonté dans l'heure qui suivrait. A toi de jouer, je t'avais dit. Une heure, ce n'est pourtant pas long. Tu as trouvé le moyen d'avoir autre chose à faire car ce fut un fiasco Tes dernières volontés, c'était le moment de les lui souffler dans les bronches à ce prétentieux qui n'avait même pas lu le dossier truffé d'erreurs. Introuvable ton fameux testament !On avait bonne mine ! Il n'y en avait qu'un qui jubilait sur sa chaise en bêlant des «Maîaîître» et ce n'est pas celui que tu aurais aimé voir minauder. Celui-là il a pensé qu'il t'avait bien eue. Alors, soit tu t'en fous, soit tu ne peux plus rien faire. Bon, c'est fait, c'est emballé, n'en parlons plus. On n'en parle plus, ça veut pas dire que ce n'est pas resté en travers de la gorge car, n'empêche, à ce moment-là, j'ai vraiment douté de tes capacités à incurver le cours des choses. Je doute toujours, d'ailleurs. Quand je vais te parler pour te donner des nouvelles de la famille, j'ai l'impression de me donner en spectacle, d'autant que tu devrais savoir encore mieux que moi où elle en est la famille, mais enfin, au prétexte que tu saurais tout, je n'aurais donc plus rien à te dire ? C'est ridicule...
Et nous voilà en novembre et sa fête des morts et ses averses et son vent glacial J'ai beau me dire que toi et ta mère, couchées dans le même caveau, vous n'êtes plus rien, j'ai beau me forcer à ne pas penser à vos chairs de ma chair, décomposées, et qu'il vaut mieux que vous ne voyiez pas ce que vos corps sont devenus, et qu'ainsi je penche pour la supposition que tout ce qui se passe ici-bas vous est devenu étranger, j'ai beau me dire tout ça, je vais opter pour la tradition, je vais aller , dès que l'averse aura enfin cessé, déposer deux bouquets de pensées qui, je l'espère, redonneront au printemps et puis, surtout, j'irai parce que dans le petit doute que vous existiez encore d'une manière que je ne saisis pas, je ferai comme vous quand vous montiez la butte avec, d'une main, votre petit râteau dans un seau et votre brassée de fleurs dans l'autre.
Et voilà ! Vous avez gagné, mes petites mères ! Il a suffit que je parle de râteau et de pelle pour que je me fende la poire en vous imaginant gamines vêtues de petites culottes, accroupies, occupées à faire des châteaux de sable. Or donc, puisque c'est jour de fête, faisons la fête ! J'apporterai une bouteille de vieille prune en plus de mes tendres pensées, de mon râteau dans mon seau et je ratisserai le sable dessinant de jolies arabesques sur lesquelles se poseront de fins coquillages.
*
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Par ardence le 29 Octobre 2014 à 10:09
F.Aubry de Montdidier
Lumière tamisée
Les persiennes filtrent les lueurs du hameau
Et le soir tombe en grand silence,
Eparpille les rais fardés de blancs cristaux
Sur l'encre bleue des apparences.Une faible clarté emprisonne les fronts
Blafards de tendre somnolence
Qu'une ride contraint, sur les regards profonds
Voilés de sombre réticence.Hoffmann dans son fauteuil, le corps appesanti,
Songe, attiré par l'émergence
D'indicibles visions que la nuit engloutit
Eludant toute confidence.Tu baisses tes yeux, Helga, belle implorante
Guettant une infime présence,
Une main caressant ton épaule tremblante
Comme un aveu, une évidence.*
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Par ardence le 25 Octobre 2014 à 15:30
Des rats scélérats
Sal’té d’choléra !
Des rats à vous dégoûter des égouts !
Et y’en a qui disent :
“ J’ai visité les égouts d'Paris, c’est fabuleux ! ”
On voit qu’ils n’ont jamais eu l’choléra !
Vous savez c’que c’est que des rats en colère, vous ?
Non, vous n’savez pas !
Sinon vous refuseriez de vous colleter
Le boulot d’égoutier.
Tiens ! Avenue de l’Opéra !
C’est là qu’ils se rassemblent tous les soirs.
Ils sont à tutu et à toi
Ils font des entrechats
Alors que les chats
Se tiennent pénard
Dans les gouttières de la rue Mouffetard
Ou bien vont s’les g’ler à Glacières.
Les rats, y’a ceux qui s’ planquent sous les grands hôtels
Chics de Georges Vé
Là où l'étron sent l’caviar.
Y’a ceux qui préfèrent Pigalle
Où qu’ça pisse pas sacerdotal
Ou bien celui du Parc rue lepic
Qu’est vacciné antirabique
C’est pas une vie, j’vous l’dis
De n’jamais voir les hirondelles
Rive droite, rive gauche pour moi,
C’est du même au pareil
C’est les égouts d’la Seine
C’est les entrailles du vieux Paname
C’est mes os qui se calaminent
Je suis un rat au Pont d’l’Alma
J’attends l’jour où on m’dira :
T’en as fini de fair’ le zouave
Te v’la rendu aux Invalides.*
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Par ardence le 21 Octobre 2014 à 04:44
- F.Aubry de Montdidier
Au revoir
Cela sentait le départ.
Elle était apprêtée pour un mystérieux voyage
Endossant un tailleur prince de Galles si grand pour ses frêles épaules.
Dénudée de ses bijoux et de son parfum de rose anglaise,
Mais le doigt marqué du sceau de l'alliance éphémère,
On lui avait coupé les ongles.
Sur sa nuque rafraîchie, un foulard un peu fané noué comme un papillon mort
Enfin, ses souliers cirés du dimanche, délicatement noués.
Je ne l'avais jamais vue si calme, si reposée.
Ses lèvres exsangues semblaient fardées de blanc d'Espagne
Et ses paupières laiteuses ne frémissaient plus sous de vagues rêveries.
Elle était enfin prête, confortablement installée.
Hier encore, elle marmonnait, dodelinait :
- Où sont les musiciens?
- Ils t'attendent, Maman.
Mais je n'entendis jamais le concert des anges entonner l'au revoir.
C'est pourquoi, le matin, quand je me réveille, je dis encore
«Bonjour, Maman!»*
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Par ardence le 15 Octobre 2014 à 19:00
Confutatis
Fontaines de sourdes douleurs
Abattent les silences
Ô terra hostia !
Le pain ne nourrit plus le corps
Ruisseaux de larmes psalmodient
Engendrent des furies
Ô terra lacrimosa !
L’agneau saigne de trop de bonté
Torrents de souvenirs impurs
Fracassent nos tabernacles
Ô terra infecunda !
Volent en éclats nos espérances
Cascades de rires enfantins
Egorgent les agneaux
Ô terra jubilita !
Le plus beau pays est toujours plus loin
Lac où reposent nos dolences
Fait taire les canons
Ô terra incarnada
Dona eis pacem
*
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Par ardence le 8 Octobre 2014 à 10:06
- Le trèfle à quatre feuilles
Au plus près de l'herbe tendre,
Je tourne le dos au soleil.
Le trèfle azuré me sourit.
Sans me soucier du pince-oreille,
A quatre pattes, je musarde
Quatre pétales au teint exquis.
Mes mirettes en sauterelles
De ci, de là, font des embardes
En mauve et or sur mes prunelles
Et la rosée lèche mes doigts
Emmiellés de fleurs mignardes.
Lasse d’effeuiller les impairs,
Je me détends sur le lit vert
Sous l’œil de Phébus amusé
Par mon rêve au diable Vauvert.*
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