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    Le temps des amandiers

     

    Le temps des amandiers


    C’était un autre printemps
    Vous ne pouvez comprendre.
    Les amandiers étaient en fleurs,
    Pétales frémissants
    Dans l’azur rayonnant,
    Vous dire la couleur ?
    Une rose des sables
    Vous dire sa saveur ?
    Goût de chair ineffable .

    C’était un autre printemps,
    Vous ne pouvez entendre.
    La campagne riait,
    La musique de l’eau
    En cascade tombait.
    On ne la confondait pas
    Avec le vent méchant sifflant
    Au creux des meurtrières,
    Au lourd crépitement
    Des salves sur nos toits.

    C’était un autre printemps.
    Si vous pouviez apprendre
    La lumière jouant
    Autour des amandiers
    Et le vent caressant
    Si l’on pouvait reprendre
    Le cours des jours d’avant
    Et secouer les cendres
    Qui tuent les amandiers

    C’était un autre printemps.
    Je voudrais vous surprendre
    Une comptine aux lèvres
    Que nos mères fredonnaient
    Nous contant des histoires
    Qui apaisaient les fièvres
    Et comme un arrosoir
    Faisaient couler des pétales
    Blancs sur nos joues roses

    C'était un autre printemps,
    Je voudrais m'y suspendre
    Au temps du temps d’avant
    Quand nous avions le temps
    De chanter des refrains
    Pour endormir nos peurs.
    Les amandiers étaient en fleurs
    Les rêves, m’a-t-on dit,
    Font souvent des merveilles.

     

     

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    ou les doigts dégantés

     f.Aubry de Montdidier

     

    Sous les doigts dégantés

     

     

     

     Envol d’une escouade de vanneaux,

     Epis courbant sous le fléau,

     Ondes insaisissables

     Des souvenirs impalpables ;

     Neiges fondant sous le geyser sulfureux

     Des songes-creux ;

     

    Quelques notes traversières

     Humides sous les paupières

     Et des ciels comme des mouchoirs

     Essorant nos humeurs ;

     

     Un parfum volatil

     Qui fuse et se faufile ;

     Une larme fugace

     Qui roule dans l’impasse ;

     Clameurs qui s’évanouissent

     A l’orée des prémisses.

     Une part de nous, grelotte d’être à nu

     

      Se ranimer dans le courant

     Là où la houle soulève l'ivresse

     Et, Ô tendre merveille,

     Ô, nature enchanteresse,

     Voir la fleur qui rit au soleil

     Sous les doigts dégantés

     Et rêver, sur la pointe des pieds.

     

     

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    Hirondelles

     

    Hirondelles

     

     Hirondelles en ribambelles

    Avant le givre sonne l’appel

    Du grand voyage,

    Du vent du Sud et ses mirages.

    Adieu l’insouciance, demoiselles,

    Il faut quitter le nid,

    Oublier les heures bénies ;

    Plus de sarabandes ni de ritournelles.

    Longue est la route et l’avenir cruel !

    Si vous passez près de la Seine,

    Allez lui dire toute ma peine,

    Et si vos cris ne les entend

    C’est par la faute du mauvais temps.

    Rejoignez sans tarder le cortège

    Et que Dieu, sous son aile, vous protège !

     

     

    *

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  • Le canal

     

    Le canal

     

    C'est au bord du canal
    Qu'on la trouvait, errante,
    Tout au bout du chenal,
    Au monde, indifférente.

    Elle arpentait, sans trêve,
    Le sentier de l'écluse,
    Là où gisent ses rêves
    En mémoire recluse.

    Elle embrassait la rive.
    Herbes et fleurs sauvages
    Partaient à la dérive
    Comme verts pâturages.

    Elle fauchait le vent
    En frappant dans ses mains.
    L'écho portait au loin
    Un rire de dément.

    Il est là son amant,
    Englouti sous l'eau noire.
    Folle est-elle de croire
    Qu'il est toujours vivant.

    C'est dans un tourbillon,
    Qu'un soir de février,
    Dans l'eau a fait des ronds.
    Il était éclusier

     

     

    *

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  • Par grand vent

    F.Aubry de Montdidier

     

    Par grand vent

     

    Tes habits sont devenus trop vastes où le grand vent s'engouffre.
    Toujours une tempête pour en chasser une autre.
    Et voilà qu'un jour comme aujourd'hui,
    Lasse de t'arrimer à la terre,
    Lasse de tirer sur les jours pluvieux
    Un jour que même le vent peut soulever ton maigre corps,
    Les unes après les autres,
    Tu écartes les branches qui cachaient les nuages,
    Tu attrapes l'un d'eux. Etrangement,
    C'est avec aisance que, prenant ton envol, tu deviens mousseline,
    Si douce, si légère que les zibelines et les ours blancs s'en parent la frimousse.
    Le soleil a beau faire,
    S'habiller de bleu ou de rose
    Faire mûrir les pommiers
    Miroiter sur les étangs ou les océans
    Ou bien s'endormir comme un enfant sur le bord de l'horizon,
    Rien ne te fera revenir, maman.

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  • Prière

     F.aubry de Montdidier

     

    Prière

     

      Ma peine est endormie

    Dans le jour qui finit

     Ne la réveillez pas

     De son sommeil si las

     …

     Voyez, elle repose

     La paupière mi-close

     D’où s’échappent encor

     Quelques poussières d’or

     …

     Ce sont gouttes de pluie

     Restes d’une furie

     Venue d’un paysage

     balayé de nuages

     …

     De sa lèvre entr’ouverte

     Où meurt un pli inerte

     Divaguent des soupirs

     Sur les heures qui s’étirent

     …

     C’est comme une prière

     Un souffle qui libère

     Un pardon qu’elle clame

     Venu du fond de l’âme

     

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  • La légende du cellier

    image: fond-ecran-image.com

    La légende du cellier

     

     Poussière à l'odeur suffocante du passé,

    Stratifié, statufié, dans l'antre du cellier.

    Le buffet affaissé de souliers funambules

    Aux talons éculés sentant les vieux cirages,

    Geint pour peu que d'un doigt, on trace des virgules

    Sur les embauchoirs ayant subi maints outrages.

    Le fauteuil sur deux pieds marche avec la béquille,

    Attendant le gitan pour être rempaillé,

    Se soutient au balai de crin décoiffé

    Et d’un lave-pont qui, placide, ne sourcille.

    Une tête de loup toise haut la balayette

    Ayant mis au trépas tous les ramasse-miettes.

    Le feu n'anime plus le vieux poêle Godin

    Sur lequel se lamente une bassine en zinc

    où s'affale asséché un vieux pot ripolin.

    Se souvenant du temps où c'était jour de bringue,

    La lessiveuse en biais tient le crachoir au broc

    Affublé d'un pépin, au vent, débaleiné.

    Un fer plat oublié s'étrangle dans l'étau

    Sous le regard dandin de la tôle ondulée.

    Ca sent la graisse et l'huile au bord de l'établi

    Où traînent clous et vis, boulons en pot-pourri.

    Les pinces monseigneur font la nique aux anglaises

    Exhibant des colliers  et des vis japonaises,

    Tandis qu'Arsène dort près des passe-partout.

    Non loin de ce fatras, posent au garde-à-vous

    Des rangées de litrons depuis longtemps lampés

    Et Leclerc veille encor la deuxième D.B.

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    Le colporteur

    Le colporteur

    Le bourg se drapait dans un sommeil de caveau,
    Tandis qu’un vent rugueux dans les prés, desséchait la rosée.
    Poussée de l’hiver blanchissant la contrée.

    Quatre-vents musait avec saute-ruisseau.

    C’est un ch’mineux, un gagne-rien
    Un pieds-poudreux, un cherche-bien.

    Il vendait des savons, des couteaux, des bretelles
    Des rubans, des boutons, des bobines de fil
    Et pour quelque lichade il lâchait des dentelles
    Et aussi des missels et des ainsi-soit-il.

    C’est un pouilleux, un traîne -savate
    Un tire-la-queue, un boit-picrate

    Sur le chemin un violoneux menait la noce vers l’église :
    C’est pour la dot que l’épousée avait vendu
    Ses longs cheveux à un' poupée qui s’emmarquise

    Dans le grand lit la paille a froid,
    Les poux ont faim, les puces ont soif.

    Les noceurs jetaient des coques de noix
    A la prospérité du jeune ménage !
    Mais dans le ciel filait les ombres des nuages
    Malgré les cloches pour dissiper les orages

    Dans le grand lit Odette choit
    Antonin boit, les chiens aboient.

    Mais à quoi bon sonner les cloches
    Elle tendit son front pour un baiser
    Et lui sa chemise à faire des Chrétiens.

    Quatre-vents vendait du contre-coup,
    Pour les baisers rudes et rares.
    En attendant que les seins gonflent
    Elle se frottait le ventre nu
    au rocher des pousse-marmots.

    Chasseur de taupe ou loubotier
    Ce traîne-fossés, ce né-furieux
    Vendait aussi des gants d’amour ,
    Des épingles et des passe-l’enfant.

     

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  • Viens

    Venise- F. Aubry de Montdidier

    Viens

     

    Viens, je t’emmène voir
    Les éclats de mon cœur
    Car ils sont les miroirs
    Des rêves ravisseurs

    Viens, je t’emmène entendre
    Ma voix qui te susurre
    Les mots pour désapprendre
    Lâcheté, meurtrissures

    Je t’emmène goûter
    Les ivresses fruitées
    De nos peaux satinées
    Sur des draps défroqués

    Je t’emmène sentir
    Les parfums épicés
    Elixir du désir
    Suaves embaumées

    Toi, je t’emmène rire
    Au bord de nos ébats
    Où la raison chavire
    Et ne s’arrête pas

    Nous, je nous emmènerai
    Sur une blanche grève
    Là où le virelai
    Des amours ne s’achève

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    Ventre repu n'a point d'oreille

     

    Ventre repu n'a point d'oreille

     

    Les ventres vides
    S'agenouillent têtes baissées
    Invisibles aux passants repus

    Crevasses aux mains
    Mangent leurs ongles
    Equarris sur les écorces

    Leurs pieds nus
    Chaussent la poussière
    De salpêtre des masures

    Des relents d'égouts
    Habillent leurs corps
    De parfums pestilentiels

    L'odeur se répand
    Aux jardins résidentiels
    Par-dessus les hauts murs

    Jusqu'aux mouchoirs
    Qui indifférents épongent
    Le front des nonchaloirs.

     

    .............................................................................................................................................

     

    Merci à Papidompointcom pour ce poème de jeunesse  intitulé:

    De l'inutilité de la mendicité dans notre civilisation:

     

    Ventre repu n'a point d'oreille

     

     

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