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Par ardence le 20 Juillet 2014 à 17:45
peinture auteur inconnu
Les moissons
Réveillez-vous ! Ne voyez-vous poindre l’aurore ?
Le temps nous presse avant que le jour décolore !
La brume se répand au bas de la vallée ;
Les épis frissonnants tardent d’être coupés ;
Bateleurs aux pas lourds vous arpentez la plaine
Blonde qui se répand en mère souveraine.
La machine mugit, crache la poussière
Collant à la sueur sur les fronts et les torses.
Et l'on combat le temps et l'on use ses forces .
Déjà les grains dorés roulent dans l’entonnoir.
Le soleil au midi s’efface et s’amoncelle
Une nue menaçante or que le ciel est noir.
C’est une course folle afin que l’on bottelle.
On prie pour que l’ouvrage achève avant la pluie,
On redouble d’ardeur, on chante et l’on s’écrie.
Au soir, las et fourbus, la récolte engrangée,
On se retrouve autour d’une bonne tablée.
D’un sourire vainqueur on se serre la paume;
La plaine dormira dans son grand lit de chaume
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Par ardence le 18 Juillet 2014 à 09:55
Nature morte
L’étang, comme lame de platine,
Accablé de pesante chaleur
Somnole
Nimbé de brume blanche.
C’est l’heure où les faucheux
A grandes enjambées
Marchent sur l’eau,
Frôlent leurs ventres arrondis,
Zigzaguent entre les serpents
Qui ondulent
Et le bondissement des grenouilles
Sur le trèfle cornu.
Les sauterelles jouent à piqueter des mues
Mordorées
Sous l’œil indifférent des bœufs débonnaires
Qui sortent de l’ombre des sureaux,
S’envasent joyeusement
Et fouettent des gerbes d’eau scintillante.
Le ciel se pare de traînées oranges
Et l’envol d’un col-vert échappé des iris
Fait trembler les pétales engorgés de soleil
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Par ardence le 17 Juillet 2014 à 08:23
Photo extraite de "Etrange et insolite"
Soir de fête
Dans la fraîcheur du soir, au chemin de halage,
Tandis que les maisons rabattent leurs volets,
Nous irons, toi et moi, nous bercer de reflets,
Voir le scintillement de l'eau et son roulage
Et je prendrai ta main, cherchant sur ton visage
Les lueurs d'autrefois, ton rire en bracelet,
Tes contes ver à soie sortis de ton bonnet
Pour l'enfant que j'étais quand tu avais mon âge
Je te fredonnerai des airs de cabaret;
Les libellules bleues nous feront un ballet;
Ton châle, de frissons, poussera les ombrages
D'une mémoire enfuie dans le froid des chenets
Qui rougissaient alors de brûler tes secrets
Quand tu aimais la danse et les marivaudages.
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Par ardence le 15 Juillet 2014 à 21:15
photo provenant du blog de Papydompointcom et aimablement offerte par son auteur pour l'illustration.
Eclats de bonheur
Prime fleur rosit
Sous les bouffées de soleil tiède .
Ses feuilles endurcies
Claironnent leur verdeur
Foin de grêle
Hiver bat en retraite
S’efface en plein midi
Quand les enfants
S’encourent à travers champs
Les moufles barbelées de givre
Et la bouche mordant la violette.
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Par ardence le 15 Juillet 2014 à 10:41
La chambre bleue
Je ne saurais vous dire
Si cette chambre bleue
Convient à mes désirs
Car de désirs n'ai peu
Peu m'importe ce vase
Posé sur la console
Nulle effluve n'embrase
Nul amour ne convole
Je ne saurais vous dire
Si ce lit baldaquin
Convient à mes envies
Car d'envies n'en ai point
Peu m'importe les draps
De serge ou bien de soie
Qu'ils aient un goût ancien
Où les regrets poudroient
Je ne saurais vous dire
S'il troublera mes songes
Pour mes heures adoucir
Cet ennui qui me ronge
Peu m'importe la nuit
Demeurant éveillée
Si l'ardeur a péri
Au bord de l'oreiller
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Par ardence le 14 Juillet 2014 à 10:36
Les champs des morts
Sur de tendres tapis, des jardins de bois blancs
S’étendent sur des monts et des plaines dolentes
Entre des murs saillants aux marches trébuchantes
Le vent peut bien rugir, courber les ifs tremblants
Et la pluie peut laver les marbres entaillés,
Vous êtes condamnés à blanchir la campagne,
Saluer des drapeaux sur des mâts de Cocagne,
Petits soldats de bois, dans la terre, figés.
Non, vous ne dormez pas! Comme des automates,
Sans cesse vous veillez, sentinelles de rose
A l’odeur de sueur, de sang et de nécrose,
Plantés comme fusils aux bouches écarlates.
Vous n'aviez que vingt ans, des rêves d'aubépines
Quand ils se fiançaient aux rires ingénus,
Vos mains pour caresser des ventres préconçus
Dans l’incarnat des lits aux lèvres grenadines.
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Par ardence le 13 Juillet 2014 à 16:38
J’aim’ la confiture
J’aim’ la confiture
Quand tu tremp’ ton doigt
Dans la confiture
Tu suces ton doigt
Ton doigt qui festoie
L’envie qui se noie
Le jus dégouline
Couleur grenadine
Sur les commissures
D’étranges marbrures
Coule la groseille
En grappe bien mûre
Ta langue est vermeille
J’aime les ratures
De la confiture
Qui font des bavures
Sur tes lèvres mûres
Donne-moi ton doigt
D’où coule la treille
Je me ris de toi
Et tu t’émerveilles
Je suce ton doigt
Parfum de groseille
Tu te ris de moi
Et je m’émerveille
Autour de ma bouche
Qui n’est pas farouche
Une signature
Comme ligature.
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Par ardence le 12 Juillet 2014 à 11:59
Françoise Aubry de Montdidier
Vous avez dit démence ?
Cours ! Cours vers les bienheureux ténèbres !
Bouchonne ta solitude dans la douceur des draps
Essore-la comme la seule vérité
Ton bien le plus précieux
Va rejoindre la moiteur du berceau
Où les sourires nigauds se penchent
Tu as cessé de grandir
Glisse-toi mollement dans le moelleux de l’absence
Vois comme tu rapetisses
Comme tes mains ne sont plus fébriles
Pétales blancs posés sur ton sein endormi
Vois comme ton sang pâlit
Tes lèvres diaphanes baisant les volants de l’oreiller
Eteignent les ombres de nos pas
Une rose fleurit aux arômes de lait
C’est l’aube d’un printemps qui n’attend plus l’hiver
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Par ardence le 11 Juillet 2014 à 14:28
F Aubry de Montdidier
Comment se faire un nom.
Le monde est ainsi fait qu'il se crée des génies
Je veux parler de ceux qui fraient en bourgeoisie,
Ignares mais pompeux retournant leurs liquettes.
Il faut bien s'occuper chez Ritz ou chez Fouquet's,
Et parler de culture en sirotant un drink
Est du plus chic effet. Comme oedème de Quinque
Ils enflent leur jabot : "Savez-vous bien, Mon Cher,
Que nichent des trésors au fond de nos provinces.
Par le plus beau hasard, me rendant dans le Cher
Chez notre ami commun, nommé le Petit Prince,
Je fis la connaissance, au détour d'un salon,
D'un peintre jeune encor qui me fit impression.
Il m'offrit d'admirer ses toiles indigestes
Et c'est dans un grand lit qu'il me conta le reste."
"Mon Cher" est chroniqueur dans une revue d'art.
Voyant que ce "trésor" était un peu paillard
Et n'ignorant les moeurs de la belle donzelle
Entrevit l'occasion de prendre curatelle.
Pousser cet anonyme, inscrire au frontispice
Celui dont le génie, à défaut d'être artiste
Consistait à coucher sur des toiles de lin
De sulfureux soupirs du soir jusqu'au matin.
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Par ardence le 9 Juillet 2014 à 21:55
Jean sans Terre
C’était au temps d’Henry, roi d’Angleterre.
Pour acquérir des terres en Aquitaine
Z’yeuta Aléonor en légataire
Après avoir, des biens, fait l’inventaire.
Té ! Des terres rapportées, quelle aubaine
Bien qu’il préférât la terre de sienne,
Comprenez la terre de ses ancêtres.
Aléonor remua ciel et terre ;
La pauvre ne trouva terre d’asile
Espérant être ainsi sursitaire.
Hélas trois fois, Henry était débile !
Le roi omnipotent adule terre
Vierge, inculte, sainte ou réfractaire,
Celle qui tremble sur ses guêtres.
Point ne courut jusques au presbytère
Et vite lui fit une prise de terre
Lui enjoignant d’un ton autoritaire
De lui donner un fils héréditaire.
L’ayant labourée et aussi enherbée,
La laissa là germer pour rejoindre Clotaire
Qui lui mignotait son lopin de terre
Et qui savait bourrer sa pipe en terre.
Pendant qu’Henry se tapait l’cul par terre
Aléonor mangeait des pommes de terre
Tant et si bien qu’à ce régime enfla .
Au bout du bout de trente mois
Traînait péniblement son ventre à terre
Et c’est d’un cri de sa trachée artère
Qu’enfin elle rendit son poster rieur
Mettant au monde un crapoussin brailleur
Avec le nez piqueté d’un ictère.
C'est ainsi, je vous dis, que naquit Jean sans Terre.
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