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    Les moissons

    peinture auteur inconnu

     

    Les moissons

     

       Réveillez-vous ! Ne voyez-vous poindre l’aurore ?

    Le temps nous presse avant que le jour décolore !

    La brume se répand au bas de la vallée ;

    Les épis frissonnants tardent d’être coupés ;

    Bateleurs aux pas lourds vous arpentez la plaine

    Blonde qui  se répand en mère souveraine. 

    La machine mugit, crache la poussière

    Collant à la sueur sur les fronts et les torses.

    Et l'on combat le temps et l'on use ses forces .

    Déjà les grains dorés roulent dans l’entonnoir.

    Le soleil au midi s’efface et s’amoncelle

    Une nue menaçante or que le ciel est noir.

    C’est une course folle afin que l’on bottelle.

    On prie pour que l’ouvrage achève avant la pluie,

    On redouble d’ardeur, on chante et l’on s’écrie.

    Au soir, las et fourbus, la récolte engrangée,

    On se retrouve autour d’une bonne tablée.

    D’un sourire vainqueur on se serre la paume;

    La plaine dormira dans son grand lit de chaume

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    Nature morte

     

    Nature morte

     

     L’étang, comme lame de platine,

     Accablé de pesante chaleur

     Somnole

     Nimbé de brume blanche.

    C’est l’heure où les faucheux

     A grandes enjambées

     Marchent sur l’eau,

     Frôlent leurs ventres arrondis,

     Zigzaguent entre les serpents

     Qui ondulent

     Et le bondissement des grenouilles

     Sur le trèfle cornu.

     Les sauterelles jouent à piqueter des mues

     Mordorées

     Sous l’œil indifférent des bœufs débonnaires

     Qui sortent de l’ombre des sureaux,

     S’envasent joyeusement

     Et fouettent des gerbes d’eau scintillante.

    Le ciel se pare de traînées oranges

     Et l’envol d’un col-vert échappé des iris

     Fait trembler les pétales engorgés de soleil

     

     

     

     

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  • Soir de fête

    Photo  extraite de "Etrange et insolite"

    Soir de fête

     

     Dans la fraîcheur du soir, au chemin de halage,

    Tandis que les maisons rabattent leurs volets,

     Nous irons, toi et moi, nous bercer de reflets,

     Voir le scintillement de l'eau et son roulage

     

    Et je prendrai ta main, cherchant sur ton visage

     Les lueurs d'autrefois, ton rire en bracelet,

     Tes contes ver à soie sortis de ton bonnet

     Pour l'enfant que j'étais quand tu avais mon âge

     

     Je te fredonnerai des airs de cabaret;

     Les libellules bleues nous feront un ballet;

     Ton châle, de frissons, poussera les ombrages

     

     D'une mémoire enfuie dans le froid des chenets

     Qui rougissaient alors de brûler tes secrets

     Quand tu aimais la danse et les marivaudages.

     

     

     

     

     

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    Eclats de bonheur

    photo provenant du blog de Papydompointcom et aimablement offerte par son auteur pour l'illustration.

     

    Eclats de bonheur

     

     

    Prime fleur rosit

    Sous les bouffées de soleil tiède .

    Ses feuilles endurcies

    Claironnent leur verdeur

     Foin de grêle

     Hiver bat en retraite

     S’efface en plein midi

     Quand les enfants

     S’encourent à travers champs

     Les moufles barbelées de givre

     Et la bouche mordant la violette.

     

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    La chambre bleue

     

    La chambre bleue

     

    Je ne saurais vous dire

    Si cette chambre bleue

     Convient à mes désirs

     Car de désirs n'ai peu

     

    Peu m'importe ce vase

     Posé sur la console

    Nulle effluve n'embrase

    Nul amour ne convole

     

     Je ne saurais vous dire

     Si ce lit baldaquin

     Convient à mes envies

     Car d'envies n'en ai point

     

     Peu m'importe les draps

     De serge ou bien de soie

     Qu'ils aient un goût ancien

     Où les regrets poudroient

     

     Je ne saurais vous dire

     S'il troublera mes songes

     Pour mes heures adoucir

     Cet ennui qui me ronge

     

     Peu m'importe la nuit

     Demeurant éveillée

     Si l'ardeur a péri

     Au bord de l'oreiller

     

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  • Les champs des morts

     

     

    Les champs des morts

     

     Sur de tendres tapis, des jardins de bois blancs

     S’étendent sur des monts et des plaines dolentes

    Entre des murs saillants aux marches trébuchantes

    Le vent peut bien rugir, courber les ifs tremblants

     

    Et la pluie peut laver les marbres entaillés,

     Vous êtes condamnés à blanchir la campagne,

     Saluer des drapeaux sur des mâts de Cocagne,

     Petits soldats de bois, dans la terre, figés.

     

    Non, vous ne dormez pas! Comme des automates,

     Sans cesse vous veillez, sentinelles de rose

     A l’odeur de sueur, de sang et de nécrose,

     Plantés comme fusils aux bouches écarlates.

     

    Vous n'aviez que vingt ans, des rêves d'aubépines

     Quand ils se fiançaient aux rires ingénus,

     Vos mains pour caresser des ventres préconçus

     Dans l’incarnat des lits aux lèvres grenadines.

     

     

     

     

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  • J'aim' la confiture

     

     

    J’aim’ la confiture

     

    J’aim’ la confiture

    Quand tu tremp’ ton doigt

     Dans la confiture

     Tu suces ton doigt

     Ton doigt qui festoie

     L’envie qui se noie

     Le jus dégouline

     Couleur grenadine

     Sur les commissures

     D’étranges marbrures

     Coule la groseille

     En grappe bien mûre

     Ta langue est vermeille

     J’aime les ratures

     De la confiture

     Qui font des bavures

     Sur tes lèvres mûres

     Donne-moi ton doigt

     D’où coule la treille

     Je me ris de toi

     Et tu t’émerveilles

     Je suce ton doigt

     Parfum de groseille

     Tu te ris de moi

     Et je m’émerveille

     Autour de ma bouche

     Qui n’est pas farouche

     Une signature

     Comme ligature.

     

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  • Vous avez dit démence?

    Françoise Aubry de Montdidier

     

    Vous avez dit démence ?

     

    Cours ! Cours vers les bienheureux ténèbres !

    Bouchonne ta solitude dans la douceur des draps

     Essore-la comme la seule vérité

     Ton bien le plus précieux

     Va rejoindre la moiteur du berceau

     Où les sourires nigauds se penchent

     Tu as cessé de grandir

     Glisse-toi mollement dans le moelleux de l’absence

     Vois comme tu rapetisses

     Comme tes mains ne sont plus fébriles

     Pétales blancs posés sur ton sein endormi

     Vois comme ton sang pâlit

     Tes lèvres diaphanes baisant les volants de l’oreiller

     Eteignent les ombres de nos pas

     Une rose fleurit aux arômes de lait

     C’est l’aube d’un printemps qui n’attend plus l’hiver

     

     

     

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  • Comment se faire un nom

    F Aubry de Montdidier

     

     

    Comment se faire un nom.

     

     Le monde est ainsi fait qu'il se crée des génies

    Je veux parler de ceux qui fraient en bourgeoisie,

     Ignares mais pompeux retournant leurs liquettes.

     Il faut bien s'occuper chez Ritz ou chez Fouquet's,

     Et parler de culture en sirotant un drink

     Est du plus chic effet. Comme oedème de Quinque

     Ils enflent leur jabot : "Savez-vous bien, Mon Cher,

     Que nichent des trésors au fond de nos provinces.

     Par le plus beau hasard, me rendant dans le Cher

     Chez notre ami commun, nommé le Petit Prince,

     Je fis la connaissance, au détour d'un salon,

     D'un peintre jeune encor qui me fit impression.

     Il m'offrit d'admirer ses toiles indigestes

     Et c'est dans un grand lit qu'il me conta le reste."

     "Mon Cher" est chroniqueur dans une revue d'art.

     Voyant que ce "trésor" était un peu paillard

     Et n'ignorant les moeurs de la belle donzelle

     Entrevit l'occasion de prendre curatelle.

    Pousser cet anonyme, inscrire au frontispice

    Celui dont le génie, à défaut d'être artiste

    Consistait à coucher sur des toiles de lin

     De sulfureux soupirs du soir jusqu'au matin.

     

     

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  • Jean sans Terre

     

    C’était au temps d’Henry, roi d’Angleterre.

    Pour acquérir des terres en Aquitaine

    Z’yeuta Aléonor en légataire

    Après avoir, des biens, fait l’inventaire.

    Té ! Des terres rapportées, quelle aubaine

    Bien qu’il préférât la terre de sienne,

    Comprenez la terre de ses ancêtres.

    Aléonor remua ciel et terre ;

    La pauvre ne trouva terre d’asile

    Espérant être ainsi sursitaire.

    Hélas trois fois, Henry était débile !

    Le roi omnipotent adule terre

    Vierge, inculte, sainte ou réfractaire,

    Celle qui tremble sur ses guêtres.

    Point ne courut jusques au presbytère

    Et vite lui fit une prise de terre

    Lui enjoignant d’un ton autoritaire

    De lui donner un fils héréditaire.

    L’ayant labourée et aussi enherbée,

    La laissa là germer pour rejoindre Clotaire

    Qui lui mignotait son lopin de terre

    Et qui savait bourrer sa pipe en terre.

    Pendant qu’Henry se tapait l’cul par terre

    Aléonor mangeait des pommes de terre

    Tant et si bien qu’à ce régime enfla .

    Au bout du bout de trente mois

    Traînait péniblement son ventre à terre

    Et c’est d’un cri de sa trachée artère

    Qu’enfin elle rendit son poster rieur

    Mettant au monde un crapoussin brailleur

    Avec le nez piqueté d’un ictère.

    C'est ainsi, je vous dis, que naquit Jean sans Terre.

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