-
On aurait pu faire la guerre
Magritte- La bouteille peinte
Je vois ces estropiés
Assis au fond du zinc
Avec leurs gueules cassées
La narine en meringue
Chicotant l’amertume
D’une noire piquette,
Engloutissant l’écume
De quelques croûtelettes
Sentant la moleskine,
La fesse à Proserpine.
Leurs petits bras pendouillent
Au bout de leurs moignons
Qu’une mouche écrabouille
Ainsi que leur trognon.
Ils sont là, avachis
Rotent en rigolant
Au nez de quelques femmes
Paumées dans ce gourbi
Parfois leurs cataractes
Pissent un jus rougeâtre.
Au fond de leur barathre
La raison se rétracte.
Si parfois la lueur
Semble éclairer leur front
Ce ne sont que vapeurs
En éjaculation..
Oh ! Du monde pourtant,
Ils sont sûrs et certains
D’en avoir fait le tour,
Tel l'ancien combattant
Tirant des mannequins
Comme unique bravoure.
Ils bavent quelques guerres
Qu’ils auraient voulu faire
Puis comptent leurs débours
Jusqu’à l’aube glaciaire.
Dans un pot, des oeillets
Pendent comm’ des oreilles
Lasses de verjuter
Le pipi des corneilles.
-
Commentaires