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La Madone
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peinture F.Aubry de Montdidier
La Madone
Peut-être la surprendrez-vous
Cachée sous une dune blonde
Portant un enfant à son cou ?
Vous penserez qu’elle est féconde
Drapée dans sa robe safran
Aux pans légers s’ébouriffant.
Elle enfle au vent chaud du désert
Ses flancs arrondis de promesse.
Vous la verrez, la femme fière,
Prendre à l’argile sa noblesse.
Peut-être la surprendrez-vous,
La Madone, debout.
Là-bas, dans les palétuviers
Des feux de roquettes déchirent
Le bleu du ciel noir de mortier.
Ses frères, son père, s’en vont rougir
Les eaux du fleuve dont la reine
Plus ne veille sur ses enfants.
Comme l’ébène qu’on enchaîne
Vont s’engloutir les talismans
Et les flamants en désarroi
Fuient la Mangrove qui les cloue.
Au loin, vous la verrez parfois,
La Madone, à genoux.
Son ventre crie la délivrance.
Ô sombres yeux dont la détresse
Aura raison de sa vaillance.
La vie, la mort, tous deux oppressent.
Dans cet enfer, un sang nouveau
Perdrait trop tôt son innocence,
Rejoindrait vite le tombeau.
Elle s’étend. Sans résistance,
Au soleil offre ses entrailles
Tandis que gronde la mitraille.
Vous l’entendrez, agonisante,
La Madone : elle enfante.
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Commentaires
Ah oui! Ces vers de Hugo que je compare à la rondeur en bouche d'un bon vin.
Merci pour ce rappel. Il y avait matière à dire sur ces quatre lignes.
Bien belle journée, Dominique.
Je suis saisie par la profondeur et la qualité de vos vers, Ardence ! On croirait lire un poète classique ! C'est très beau, fort, poignant, et extrêmement bien écrit. Merci pour ces magnifiques partages qui remuent et bouleversent.
Amicalement
ps : merci beaucoup pour votre visite et votre commentaire aussi gentil que perspicace..
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ce poème est triste comme la guerre.
Et me rappelle de loin le "clair de lune" de Hugo que j'ai tant décortiqué, il y a 50 ans environ...
" Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
La lune était sereine et jouait sur les flots"
dominique