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Mon âme et moi
Françoise Aubry de Montdidier
Mon âme et moi
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Par ardence le 10 Septembre 2016 à 12:03
Acrylique Louis Lemée
Tu n'auras pas assez du temps qu’on effiloche à la lueur des falots
tant de fois démembrés par les houles répétées usant les souliers,.
Hier, les frayeurs ont fui affolées par la félicité
Demain, aux sournoises attaques, elles reviendront en bourrasques.
Tu l’auras ton brouet tiédi au vent de bise
Et tes mains squelettiques s’agiteront au bord de ton assiette.
Tu racleras les dernières miettes sur ta denture déchaussée.
Tes lèvres dégonflées, devant le danger, dériveront vers le gouffre du mutisme.
Imperceptible sera la sueur qui s’amoncelle sous la peau
laiteuse et transparente
Où meurt le grenat des veines refroidies.
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Par ardence le 4 Août 2016 à 16:38
Jean-Pierre Sauvage
Quelques brins d'herbe, entre les dalles se poussent vers la lumière.
Contre le mur, allongée, une échelle accroche les liserons.
Dans les fissures, les lézards guettent, les chats aussi.
Un broc sèche après la dernière pluie, dans l'attente de la prochaine.
Des tuiles, fatiguées, sont descendues à terre, estropiées à vie.
C'est depuis une pierre haute que l'on voit, embroché, le vieux coq du clocher.
Contre le seuil, un balai pour chasser les mouches et les miettes de pain.
La porte grince sur ses gonds faisant trembler la vitre et tomber la poussière.
Les pavés usés de l'entrée font un nid-de-poule.
Au milieu une table, comme un autel nappé de blanc et en son centre, un dessous de plat.
Au-dessus de la vieille cuisinière, dos au mur, les passoires et les louches sont disposées en batterie.
Sur une étagère, quelques pots chapeautés sont alignés sagement du plus grand au plus petit
Et puis, un coucou est venu nicher dans l'horloge...Il ne chante plus, il n'a plus de ressort.
Tournant le dos à la table, un crapaud fatigué tend mollement ses bras aux bûches rougeoyantes
Tandis que sur le tapis, le chat, d'un oeil, surveille les escarbilles et joue à saute-mouton.
Près du bahut recouvert de plantes rustiques, le piano est ouvert sur un prélude de Bach,
Et puis des livres montant et descendant les étagères ayant quitté les quais de Seine ou les fourbis des brocanteurs semblent se plaire parmi des tortues et des statues en plâtre.
Un coin de guéridon pour poser les coudes quand, fatiguée, je m'absente du décor.
Reste un recoin pour le lit où la toile jouit d'un édredon fait de plumes qui crèvent la fine batiste
Et volettent autour d'une carafe
Un soleil oranger se couche sur le rebord de la fenêtre tandis que la maison à cette heure, embaume la camomille.
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Par ardence le 15 Janvier 2015 à 16:03
L'aube de l'hiver
Quand le soir est sans lune et qu'il vente si fort
De lugubres lueurs filent à vau de route ;
Un troupeau s'y engouffre et cherche une redoute
A l'abri des futaies coupant le froid du Nord.
Il faut presser le pas car l'ombre de la nuit
Suspend à son chevet le passeur de brouillard
Qui mène au champ de mort son triste corbillard
D'homme désemparé pour un destin enfui,
Car, même ruisselant des eaux des grandes peines,
Même brinquebalant nos épuisantes chaînes
Sous la vive torpeur ou sous l'âpre grésil,
A nos corps affamés la tremblante fumée
Comme bon pain attire en chaude maisonnée
Vers la réjouissante flamme qui vacille.
***
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Par ardence le 3 Janvier 2015 à 18:35
Mary Cassat
Dans le Connemara
Dans son lit, ma grand-mère est en proie aux douleurs.
Commencèrent ainsi les ennuis de ma mère.
La nuit de sa naissance au jour de Saint Sylvestre,
Et l’on prie Saint Gerard, patron des jeunes mères,
Mais que peut faire un homme en une pareille heure?
L'enfantement, pardi, n'est sa tâche terrestre.
Pousse! Jésus, Marie et Sacro-Saint Joseph,
Qu'il vienne cet enfant avant le réveillon,
Avant que les sifflets, trompettes et sirènes
Explosent en clameurs dans la parturition.
La matrone saisit la tête de ma mère
Mais son corps se refuse à descendre sur terre.
Par Sainte Anne assistant les cas bien difficiles,
Il faudrait que les bras, par ici, se faufilent.
Et pousse et grogne ma grand-mère exténuée,
L'enfant tarde à montrer la couleur de son sexe.
Toi, Saint Jude, patron des cas désespérés,
Vas-tu sortir, l'enfant, hein, dis, qu'est-c' que t' attends?
Une ultime poussée devant les yeux perplexes,
Au monde, vient enfin, ma pauvre petit'mère
Au cheveu frisottant et aux yeux bleus tout tristes.
Seigneur Dieu, cet enfant est à ch'val sur le temps!
De naître ainsi, le cul dans la nouvelle année,
La tête dans l'ancienne, est un cas de papiste.
Son enfance passa bien douloureusement
Mais jamais ne vous manque l'amour d'une mère
Tant que les croque-morts ne l'ont portée en terre.***
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Par ardence le 31 Décembre 2014 à 16:32
Neige
Blanche est la lune
Aussi ronde que la terre
Blanche en hiverComme un linceul
Etend ses lueurs diaphanes
En douce écumeCiel gris perlé
Arrose de gouttes blanches
L'étang geléOmbres dociles
Tes pétales argentés
Couvrent les toitsTemps immobile
Repose sur les douleurs
Peurs en exilLa nuit se pose
Entre le gris et le blanc
En grand silence***
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Par ardence le 20 Décembre 2014 à 20:11
Chere Pair Nouel,
ça fé mintenant un an que je vou zai envoillé ma lette et jattend toujour la raiponse. C'é enbétant si vou raipondé mintenant pace que j'en é pu besouin depui que j'é un ordinateure et que je fé dénorme progrèsse alor, le ditionnaire i'n servira pu a gran choze, vu que jean é trouvé un vachmant bien sur un ternette. .Quan jécri, si cé pas ça, i souligne le mot en rouge, dayeur, jean voi plin pisque je vou zécri sur vorde.
Et pi, de toute fasson, je vou zavé comandé un rober mais, depui cet année, je quife les fille . alor, j'auré préféré la rousse qui é bin pu magniable mai come je vou zé di, cé pu la peine.Come jé comencé a apprendre le latin pace que le françai i vien du latin, si cé pa tro vou demandé, j'émeré bien un ditionaire de latin. Faite gaffe iau temp qui passe vite pace que l'année pase vite pace que lannée prochaine , je conte étudié le greque pace que le franfrançai, i vien du greque aussi et si vou zoublié encore de répondre a ma lette je prendrè du retar sur mé zétude et le retar ça pardone pa ça se ratrape pa. Si vou zen navé pu et qui faut que je n'achtète, dite le moi, je gagneré du temp.
Le coli, ne sera pa nécésaire de le fignolé pace que ce qui mintéraisse, cé pa lembalage.
Je vou quitt Chere Pair Nouell, jé wiki en ligne. Ma lette cliniote comme un sapin de Noël et ça lé affole
Je vou pri dagréer, Chere Pair Nouel, mé distingué homage.Signé
Jean Narpeur-Derien--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Amusez-vous bien et retrouvez les références des dictionnaires:
Larousse, Robert, Quillet, Gaffiot, Collins, Happer, Hachette....
***
4 commentaires -
Par ardence le 20 Décembre 2014 à 00:28
Je n’ai pas su vous dire
La couleur des fougères
Encore moins leurs reflets
Au profond de vos yeuxMais je ne saurai taire
Cette épine qui geint
Chaque fois que je vois
S’enfuir une hirondelle....................
Je n’ai pas su vous dire non
J’ai même oublié votre nom....................
J’avais cueilli des simples
Aux fragrances trop fortes
Dans les chenets consument
Les restes d’amours mortes....................
L’oiseau sur la margelle
Trille si tristement
Un amer tremblement...................
Ma porte à tous les vents s’ouvre sur la rumeur
Qui ne laisse passer la feuille encore vierge
Du pourpre des saigneurs.
Pourtant mon cœur héberge
Un pinson qui fluette au seul bruit d’un passeur....................
J’ai payé de baisers
Le chauffeur en livrée,
Ceux que j’avais gardés
Depuis mai dépassé....................
Quand les mots font si peur
Rendant l’amour aveugle
Il faut attendre l’heure
Où la nuit se dépeuple***
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Par ardence le 8 Décembre 2014 à 23:03
Le buveur Viktor Olivia
Le vin chaud
Il se fait tard
Allons, mon ami, viens,
La lune fera la guet !
La corne s'évertue
Et la brume déplie
La vague dévêtue.Cette écume frémissante,
Dentelle ébouriffée,
Ce n'est pas une robe ballottée au rocher,
Non, ce n'est pas sa peau blanche
Qui gémit sous les lames,
Ce sont tes sanglots qui t'étranglent
Ce sont tes larmes qui ruissellent
Des brisures de malheur.Allons, viens chez Angèle !
Allons boire le vin chaud qui pleure
Les rêves et les peines
Et sur les cordes des guitares,
L'amour qui saigne jusqu'à plus d'heure.*
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Par ardence le 6 Décembre 2014 à 10:43
Bord de Loire
Le bruit mou du fleuve paresseux
Sous la brume florale du petit matin.
Les arbres répandent un crépuscule vert
Et le vent léger agite la poussière des feuilles.
Sur la rive, une maison jaunâtre, à la verrière noircie,
Comme un tableau fraîchement peint.
Deux novices lisent dans un jardin d’hortensias.
La Loire, de son lit, fait sécher ses draps,
Où s’enlisent des périssoires.
Et sur son bord un porche
Surmonté d’une croix forgée dans le fer
mène aux îlots de marbres décorés.
Dans cet enclos aux allées de sable de la rivière,
Qu'il est doux d’y laisser son père
Entouré de si nombreux parents .*
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Par ardence le 29 Novembre 2014 à 20:33
Présage
Il me semble que la mer a tremblé
Le phare n'éclaire plus les naufragés.
Houle roule les appels de vies brèves
Quand en paquets humides vocifèrent.
J'entends des bruits qui grondent de la terre,
Vaste radeau branlant qui s'époumone.Rentrons, ma mère, et faisons nos prières,
Vite, fuyons les hideuses gorgones !
Nous aurons de blanches couvertures
Quand la nuit deviendra obscure
Et nous nous serrerons, brûlant nos mains
Au journal de demain.*
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